Notre Dame de Paris

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Notre Dame de Paris

 Dans le ciel ensanglanté de Paris, au crépuscule, le crépitement et le rougeoiement des flammes s'élèvent et retombent en poussière....La flèche de Notre-Dame engluée dans ce brasier résiste, oscille et sombre dans un fracas d'apocalypse. Les plombs fondus s'abattent, transpercent la voûte, seul le coq miraculeusement préservé sera retrouvé dans les décombres, mais la forêt, cette charpente au bois vieilli brûle à son tour, résiste et s'effondre.

 Les croyants, les curieux, les parisiens et le monde entier assistent impuissants malgré l'effort redoutable des soldats du feu, à la disparition de ce joyau de l'humanité, cette vieille Dame qui réconforte les humbles comme les puissants, rythmant leur vie, donnant à la Nation ce sens de l'universel.

 Cet élan n'est pas la manifestation d'un désastre mais l'incarnation de notre société.

 Lorsque l'évêque Maurice de Sully remplace la vieille cathédrale romane par ce vaisseau superbe construit en deux siècles, c'est la chrétienté pleine, debout qui ose regarder la lumière, remercier Dieu de ses bienfaits, s'ouvrir à l'espérance dans le sein fécond de Notre-Dame. L'horizon azur brille avant de retomber sous le fléau des guerres, famine et peste.

 La Sainte Vierge accompagne, révèle la part spirituelle présente en nous, découvre cette subtilité de l'âme où l'invisible côtoie le visible.... Réceptacle de l'amour divin, elle comble nos manques, résorbe nos vides, à la fois consolation et espérance.

 Elle veille sur le trésor de son Fils, la couronne d'épines portée par les Chevaliers du Saint-Sépulcre, présentée à l'adoration des fidèles, la tunique de lin de Saint Louis, les clous de la Passion, les vases et reliquaires sacrés, l'orfèvrerie, jusqu'au manteau du Sacre de l'Empereur mais le plus important est ailleurs!

 L'apaisement, la sérénité du lieu contraste avec tant de richesses, ce qui est sensation devient perception, ce qui est pénombre aspire à la lumière, ce qui est grandeur devient intime, trésor du cœur meurtri.

 Le temps long, l'histoire continue est notre vie qui dépasse la mort, nous éloigne de nos contingences, nos bassesses, nos peurs mesquines.

 Notre Dame a connu bien des joies et tant de malheurs, lieu de justice où le vagabond trouvait un abri mais aussi de profanation de la parole sacrée. Au cours de notre histoire elle a résisté à tout, à sa disparition programmée, sauvée par notre plus grand poète Victor Hugo et aux deux grandes guerres.

 Elle est l'emblème sous Philippe Auguste et Saint-Louis d'un État -Naissant, ce petit domaine royal fort actif et peuplé qui soumet sous son autorité les Principautés des Pairs du royaume et donne naissance à nos grandes institutions.

 Après les désordres de la guerre de Cent Ans, la chevauchée et la disparition de Jeanne d'Arc, ses cloches résonnent dans la ville libérée de l'envahisseur anglais, c'est la Nation qui se lève, opprimée, humiliée elle retrouve sous ses voutes séculaires sa dignité et son unité.

 Elle subit la Fronde, dernier assaut d'une féodalité qui aggrave la misère populaire mais assiste avec Vincent de Paul à l'éclosion d'une charité ordonnée, considération d'une enfance orpheline et de la désespérance des âmes laissées à l'abandon.

Elle est le témoin d'un nouvel ordre qui affirme la primauté de la Raison éloignée du divin ,l'infamie selon Voltaire; temple païen elle vit la terreur, ces enfants qui se dévorent mais revient vite à la foi de ses aïeux.

 Bonaparte réconcilie République et Religion dans l'esprit de tolérance et de liberté de conscience, il est sacré dans son enceinte et c'est sous un autre Napoléon, le troisième du nom que Viollet le Duc construit cette flèche.

 Ce fanal consumé par le feu était pour les Parisiens cette vigie nécessaire à leurs destinées.

 Chrétienté, Etat, Nation, dans la diversité et la complémentarité reposent sous l'aile protectrice de notre Mère à Tous, abritée dans son écrin :la Cathédrale de Paris Notre-Dame.

 L'espérance, cette vérité qui efface l'oubli est le signe de notre union.

                             «Longue Vie à Notre Dame»

 Robert Mosnier