La Grande Guerre et Layrac (R. Mosnier)

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La Grande Guerre 1914-1918 et Layrac

Il y a un siècle, 1914.. . Un monde s'effondre dans le cataclysme de la première guerre mondiale. Un million quatre cent mille morts et disparus, des millions de blessés dans leur chair et leur esprit, des familles meurtries et mutilées à la recherche d'une nouvelle espérance.

Ce monde d'avant 1914 est d'essence rurale. Plus de 80% des tués à la guerre viennent de nos villages et se battent dans l'infanterie sur la ligne de front. Leurs instituteurs « Les hussards noirs de la République » leur avaient insufflé l'esprit de reconquête, les provinces perdues l'Alsace et la Lorraine, l'amour de leur pays. Patriotisme et nationalisme ne faisaient qu'un reposant sur l'identité et la fécondité du sol alimentées par le sang de l'épreuve, le sacrifice de la mort pour la liberté.

Un homme s'était élevé contre cet esprit car il prévoyait l'horrible boucherie de la guerre, le fracas des peuples, l'avenir devait lui donner raison, mais il représentait l'internationalisme, dévoreur du droit sacré de propriété. Parjure, il, est assassiné le 31 juillet 1914 au café du Croissant à Paris, C'était Jaurès.

Alors la barbarie allait se déchaîner. Notre village conserve la mémoire d'êtres fauchés dans leur vingt ans, inscrits dans le marbre sur le piédestal d'un obélisque où trône au sommet le coq gaulois.

En 1914, le mot d'ordre du côté français était l'offensive à outrance. Avancer ou tenir le terrain, se laisser décimer mais ne pas reculer... Nos soldats au pantalon garance et tunique foncée franchissaient les frontières de Belgique et de Moselle où les allemands reculaient, les attirant sur des positions établies enfoncées ou en rase campagne, le feu de la mitraille et l'artillerie lourde décimaient nos régiments.

La victoire de la Marne, 5-10 septembre allait rétablir in extremis une situation compromise.

Deux Layracois allaient trouver la mort en cette funeste année:

-Jean de Felzins, d'une famille de parlementaires toulousains établie dans notre village depuis la Révolution a été fauché sur le Mont Kemmel, une colline de 170 m, sommet le plus haut de la Flandre Occidentale. Pris et repris durant les quatre années de guerre, le Mont Kemmel ne tombait qu'en septembre 1918 aux mains des alliés.

-Jules Metge est mort en 1914.

Le mémorial ne précise ni son unité ni son grade ni le lieu de son décès. Son sacrifice nous rappelle le combat nécessaire pour maintenir la liberté et la dignité humaine.

Robert Mosnier