En 1940 à Layrac (R. Mosnier)

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En 1940 à Layrac

« Travail, Famille, Patrie » remplacent  « Liberté, Egalité, Fraternité ». La devise républicaine fondée sur l’égalité des droits et la démocratie disparait après l’effondrement de notre armée, en Juin 40 et l’Armistice demandée  par le Maréchal Pétain, Chef de l’Etat Français.

Un régime parlementaire honni, une division haineuse entre gauche et droite, une impréparation militaire, quelque vingt ans après le dernier conflit, ont eu raison d’une république de quelque soixante dix ans.

La Troisième République est morte, l’Etat Français en zone libre est sous la tutelle Allemande, cherche des boucs émissaires à la défaite: les Juifs, les communistes et les francs maçons ainsi que les dirigeants du front populaire. Il veut s’appuyer sur la France profonde, celle des travailleurs, de la terre nourricière, et l’amour du sol, la patrie, en revivifiant les forces vives, la famille élargie et nombreuse à l'encontre du malthusianisme, en instituant la Fête des Mères sur un plan national.

Restaurer la confiance au travers d’une forme d’intransigeance : les lois de Vichy,  en encadrant l’économie pour permettre malgré les prélèvements allemands, de limiter les disettes, retrouver une culture millénaire, renforcer les corporatismes à l’encontre des syndicats, fauteurs de troubles. Tel était leur programme.        

ll faut aussi s’occuper des déplacés, des réfugiés,des prisonniers, rétablir les voies de communication, relancer l’espérance d’une vie meilleure et la participation dans l’effort commun.

L’éducation a une place de choix, elle s’appuie sur le sport et la morale préconisée par l’état.

Dans l’esprit des gouvernants de Vichy, le Front Populaire, la corruption et l’incapacité des parlementaires sont responsables de la défaite.

Ajoutons à cela les scandales de la Troisième République, l’affaire Stravinsky, l’appartenance de ministres radicaux et socialistes à la franc-maçonnerie, la corruption assimilée à la France Juive et à l’internationalisme.

Deux ouvrages prêtés par Monsieur BUSQUERE concernant le Haut Languedoc, neuvième circonscription administrative renfermant les départements de la Haute Garonne, Ariège, Gers, Lot et Garonne, Haute Pyrénées, Lot, Tarn et Tarn et Garonne, Landes (partie non occupée) traitent de la vie administrative, de l’économie et des métiers. Cette Somme permet de retracer la vie de nos contemporains en cette période où le danger est partout, mais nos villages restent animés. Artisans, commerçants, professions agricoles sont mises à l’honneur. La vie est rude, les déplacements peu nombreux, mais il s’agit de dresser l’inventaire des professionnels du travail, d’améliorer leurs conditions et celles de leurs familles afin de stimuler les français pour qu’ils retrouvent en dépit de l’humiliation de la défaite,l' Honneur du Nom et de la grandeur de la Patrie.

L’opposition n’est plus possible, ainsi que les accommodements avec l’ennemi qui sont : l’Anglais qui a détruit notre flotte à MERS -EL-KEBIR et le Soviétique qui veut remplacer notre civilisation chrétienne. Ils sontt des  ‘’ Judas ‘’ à l’instar de ceux qui ont trahi la France....

Cette paranoïa, entretenue, voulue, repose sur un mécanisme de défense bien connu. C’est la faute de l’autre, celui qui pense différemment de moi !

Mais qu’en est-il de notre village?

Monsieur Pierre LAVAL en 40 est chef du gouvernement sous l’autorité exclusive du héros de Verdun, le Maréchal PETAIN.

Il est procédé au recensement nominatif de chaque travailleur de toutes les communes de France. Ce qui fait apparaître des noms bien connus.

Le village de Layrac a la même superficie qu’aujourd’hui 722ha avec une altitude moyenne comprise entre 100 et 200 mètres et une population voisine : 310 personnes au lieu de 329.

Il n’est précisé que quatre hameaux : les Couloms, Lagarde, Grindes et Lafage.

Sur le plan des communications :

  • Les Postes Télégraphes Téléphones sont présentes avec un receveur et une cabine téléphonique.
  • Les transports s'opèrent par chemin de fer : ligne Montauban-Saint Sulpice se font par la gare de La Magdelaine distante de 2kms; par bus vers Bessières, Villemur et Toulouse.        

Le Maire est Monsieur Léon TEYSSERE assisté de son adjoint Marius TATOUAT, le secrétaire de mairie est le grand père de notre actuelle secrétaire : Jean Marie FAVAREL.

Trois épiceries, merceries se trouvent dans notre commune. On y vend des articles de Paris, Monsieur SOURBIE. Une boulangerie, Madame BONNET et un café tenu par Monsieur CANTAZANO côtoient un restaurant SOURBIE, Le Maçon est Yves PLASSE qu’a connu Monsieur BREGAIL. Monsieur CAILLAN anime les travaux publics.

Monsieur BENASSAC Marius, maréchal-ferrant tient la forge, à l’instar du café, c’est un lieu où l’on cause, où la gazette du village s’élabore.

Mais il y a eu aussi un lieu de culture, une librairie papeterie appartenant à Jean Marie FAVAREL.

Un magasin ou un entrepôt de ventes de chaussures et sandales, probablement aussi des sabots, Monsieur SOULIE. Les amateurs de pêche vont chez Dominique : ‘’ Au rendez-vous du Pêcheur’’. Enfin une alimentation générale complète l’ensemble.

Une industrie ; scierie mécanique bois de charpente est tenu par Monsieur A. ANDRIEU dont le petit fils présent dans le Cantal maintient la tradition.

Le bureau de tabac est géré par Madame SOURBIE Henriette.

Le garde champêtre ancêtre de notre cantonnier Joseph et chargé de la Police est Monsieur ALAVE Henri.

Le curé SOLER administre le culte catholique, Les GAYRAUD sont dans l’agriculture, le battage des céréales et tous travaux agricoles. Mademoiselle VERDALLE, institutrice, précède Madame LAGARDE, Mr. Chevalier et Madame BONNET..

Comme site, nos prédécesseurs ne connaissent que le château du baron et de la baronne de FELZINS. Les vues imprenables sur les coteaux, les pigeonniers, fermes anciennes, ne semblent pas retenir leur attention.

Ainsi la vie festive, les rencontres sont quotidiennes. L’église égrène ses sonneries, l’Angélus appelle au travail et au repos, et le soir à la veillée où les jeunes se content fleurette, à la dérobée, les langues se délient, le village vit.... loin de la quiétude de nos jours.

Sur la Haute Garonne

On y lit beaucoup : la presse écrite est à son apogée. Sur le plan national l’Humanité qui reste encore autorisée tire à 500.000 exemplaires, la Croix à 150.000, le Monde 210.000 à moins que l’on ne préfère les journaux locaux : le Patriote du Sud Ouest ou la République du soir.

Et la circulation, me direz-vous. Toulouse compte 195.000 habitants,mais le département n’a que 23130 voitures particulières et 5552 véhicules utilitaires ce qui fait une voiture pour 16 habitants.

L’agriculture bénéficie d’importantes subventions subordonnées aux améliorations des terres, à l’encadrement des cultures.

L’industrie subit un inventaire, l’artisanat est vivement encouragé, le mode corporatiste prévaut...

C'est ainsi que vivaient nos proches aïeux, un univers disparu à l'ombre du clocher ou du bar fréquenté,dans un esprit d'entraide, ce qui n'empêchait pas les ragots ou les envies dissimulés et la peur de l'Allemand qui venait se ravitailler dans nos fermes,mais alimentait les phantasmes qui se sont révélés parfois réels de vol, viols, déportations. Monsieur Brousse, me révélait qu'enfant, ses parents ne l'appelaient plus MoÏse de peur qu'il soit considéré d'ascendance Juive. Curieux temps, si proche et éloigné de notre ère technologique,mais n'oublions pas leur mémoire et leur courage, car nous étions en Guerre.

Robert MOSNIER

        

Département Haute Garonne :

  • Nombre de véhicules automobiles : 23130 soit une automobile pour 16 habitants.
  • Véhicules utilitaires : 5552

  Journaux

La presse écrite était à son apogée

l’Humanité           500.000

La Croix              148.000

Le Monde            210.000

Libération           264.000

Libération soir     370.000

Paris Presse        540.000

Le Parisien libéré 390.000

 En Haute Garonne

La République                       135.000

L’Espoir                                   75.000

Le Patriote du Sud Ouest       150.000