En 1942, l’occupation allemande s’est étendue à l’ensemble des territoires métropolitains.
Les occupants s’imposaient, se ravitaillant dans les fermes en payant peu souvent. Des intermédiaires se chargeant de ce négoce. Mes parents ont refusé parfois ce genre de vente, en particulier pour une vache.
En mai 1944, si je ne m’abuse, coïncidence ou pas, une colonne allemande abandonnant le Sud de la France, s’est arrêtée de nuit sur la route et est venue chez nous, « dans l’ancienne bâtisse », inspectant la totalité du bâtiment, fouillant les chambres et les lits où nous dormions ma sœur et moi, pendant que mes parents répondaient à ces visiteurs spéciaux.
Deux ou trois soldats dans la chambre voisine, s’attardaient auprès de mon grand-père Jean-François ancien combattant de la guerre amputé d’une jambe. Ensuite, ils entrèrent dans notre chambre. Ne comprenant pas le but de leur passage, et mis en confiance par leur langage en bon français, (ce devait être des malgré nous alsaciens), je répondis confiant à la demande de préciser nos prénoms : Moïse pour moi et Marie Thérèse pour ma petite sœur.
Au bout d’une heure ou plus ils s’éloignèrent. Mon père me demandant les questions posées, et je répondis. Sa réaction fût que, s’ils revenaient, je devais leur dire que je m’appelais Jean, ce que je contestais, sûr de ma réponse... De leur côté, mes parents m’ont toujours appelé Moïse.
Ce jour-là, le quartier se trouva alerté, en premier Leon Teysseyre, le maire en place notre voisin, et craignant pour sa personne se sauva dans la nature en grimpant dans les côteaux des « Espitals ». Ce même jour, cette colonne allemande intervint route de Mirepoix, quartier de la «Bassette» chez la famille d’Henri Clave, et ensuite quartier des « Couloms » dans la maison Eugène Montet. C‘était toujours dans d’anciennes fermes.
MOÏSE BROUSSE